Au printemps dernier, l’équipe du développement durable de Sobeys a mis au défi les innovateurs du Canada de participer à la mise au point d’une solution de remplacement des plateaux de styromousse non recyclables utilisés pour l’emballage en magasin du poisson, de la viande, des fruits et des légumes. Sobeys a reçu une réponse très enthousiaste de la part de 20 équipes ont participé au défi, chacune présentant des idées stimulantes pour favoriser davantage de changement durable. Mais une équipe s’est démarquée. Voici Anil Abrol, fondateur d’Eco Guardian et gagnant du défi des déchets de plastique de Sobeys.
Parlez-nous de votre entreprise, Eco Guardian.
À l’heure actuelle, Eco Guardian est une entreprise de taille moyenne qui compte 29 employés. Nous sommes le principal fournisseur privé de solutions durables au Canada. Nos débuts ont cependant été un peu plus modestes. J’ai lancé l’entreprise en 2004 avec l’objectif très ambitieux de remplacer tous les sacs de plastique minces à usage unique en Amérique du Nord. Mes pairs me croyaient fou. On me répétait que le monde ne cesserait jamais d’utiliser des sacs en plastique. Mais les jeunes ont cru en ma vision. Je n’ai plus voulu m’arrêter.
Que s’est-il passé ensuite?
En collaboration avec un analyste en environnement, nous avons étudié d’autres polluants majeurs pour découvrir que la styromousse en était un très important. Nous avons commencé à travailler sur des emballages compostables pour finalement mettre au point un produit entièrement naturel composé de canne à sucre et de fibre de bambou.
En quoi vos emballages compostables sont-ils meilleurs?
Les matières qui les composent proviennent toutes des déchets d’autres industries. Nous récupérons des déchets qui auraient été brûlés ou jetés et leur donnons une nouvelle vie : une solution de remplacement compostable des produits en styromousse. Ce qui provient de la nature retourne ainsi à la nature. Mieux encore, ces emballages sont incroyablement fonctionnels, car ils peuvent aller au micro-ondes, au four et au congélateur.
Combien de temps prennent-ils pour se transformer en compost?
Pour qu’un produit soit compostable, il doit se décomposer dans l’eau, le dioxyde de carbone et la biomasse, et ne laisser aucune toxine résiduelle. La biomasse est riche en nutriments et peut être utilisée pour fertiliser le sol. Selon les normes internationales, si une matière se dégrade à hauteur de 90 % en 12 semaines, elle est considérée comme compostable; lorsque testés en laboratoire, nos produits se dégradent entièrement en seulement 33 jours!
Impressionnant! Pourquoi avez-vous participé au défi des déchets de plastique de Sobeys?
L’industrie de la viande est l’une de celles qui utilisent le plus de styromousse – et il n’y a que peu de solutions de remplacement intéressantes sur le marché – et ça doit changer. Ce défi était largement dans nos cordes; nous devions simplement adapter notre produit pour qu’il fonctionne sur les tablettes des épiceries. C’est bien de voir qu’un chef de file comme Sobeys est prêt à défier les normes de l’industrie.
Comment le défi s’est-il déroulé?
Les dirigeants de Sobeys ont choisi six finalistes parmi les vingt entreprises qui se sont inscrites au défi des déchets de plastique. Les huit candidats se sont tous rendus à un auditorium de la côte Est. Chacun a été appelé à préparer un argumentaire de vente de 10 minutes et à se soumettre à une période de questions de 20 minutes. Nous avions l’impression de participer à l’émission Dans l’œil du dragon!
Quel était votre état d’esprit?
Nous étions confiants. Il y avait huit critères allant des matériaux et des caractéristiques du produit à la viabilité commerciale. L’un de ces critères exigeait que le produit soit durable et présentable. Nous avons pris une pièce de viande dans un magasin Sobeys d’Halifax et l’avons présentée dans notre emballage. J’ai pu voir que les juges étaient impressionnés.
Décrivez le moment où vous avez gagné.
Les juges ont délibéré pendant plus d’une heure et ont rappelé les candidats dans l’auditorium pour leur remettre des certificats. Il n’y avait pas d’ordre particulier, si ce n’est que les derniers appelés allaient être les heureux élus. L’attente a été pénible! Quand tout le monde a été appelé et que l’on s’est rendu compte qu’il ne restait que nous, ce fut la fierté et l’euphorie! On a sauté de joie. J’ai même versé une larme.
Pourquoi pensez-vous avoir gagné?
Nous connaissons bien le produit. Nous savons qu’il est évolutif et qu’il n’est pas néfaste pour l’environnement.
Que signifiait cette victoire pour vous?
C’était moins une question d’argent – même si 25 000 $ est une belle somme pour nous – que d’avoir la confirmation de la valeur de notre solution par le jury et un joueur de premier plan du secteur de l’épicerie. Ça a motivé tout le monde chez Eco Guardian. C’était comme si nous avions gagné une médaille d’or aux Jeux olympiques.
Quelles sont maintenant les prochaines étapes?
Sobeys lancera un projet pilote dans un seul magasin; lorsque son succès sera confirmé, il l’étendra dans les provinces de l’Atlantique. Dans trois ou quatre ans, j’espère voir notre emballage non seulement dans tous les magasins Sobeys, mais aussi dans d’autres bannières comme Safeway et Foodland. Ultimement, j’aimerais qu’il devienne un incontournable à l’échelle mondiale dans l’industrie de la viande. Ce n’est que le début.
Voilà qui est ambitieux!
Mon seul souhait est qu’il révolutionne l’industrie de l’emballage de la viande.